R.Andorno:
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/R.Andorno/
imagodei.htm
A.Perrin:
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/ame
et corps.htm
Eric Fiat :
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Eric/mensongeethique.htm
Marc Anglaret :
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Marc/religion_et_philosophie.htm
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Marc/l'etre_humain.htm
Julien Saiman
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Julien/lhumanite_du_visage.htm
L'Atelier philosophique
http://philo.pourtous.free.fr/Atelier/indexatelier.htm
Créé en 1995 à linitiative de quelques professeurs, latelier philosophique
de lassociation Ouverture se propose de réunir tous ceux qui le souhaitent pour
débattre ensemble de thèmes philosophiques. Vingt à trente personnes de tous âges et
de tous horizons socioprofessionnels se réunissent ainsi un vendredi soir par mois autour
de sujets aussi divers que lamour, la liberté, le mal ou léducation, le
thème ayant été voté la séance précédente. Avant dentamer les débats, un
court texte dintroduction écrit par un professeur de philosophie est proposé afin
de dégager quelques pistes de réflexion, sans en interdire dautres ni chercher à
orienter la pensée.
Sil emprunte aux cafés philosophiques lidée dune pratique
amateur de la philosophie, notre atelier essaie de sen distinguer par un
effort découte véritable de tous ceux qui choisissent de prendre la parole, ce qui
exclut les monologues ainsi que les références ou le vocabulaire de spécialistes (ou
prétendus tels). Le sérieux nexcluant pas la convivialité, des nourritures
terrestres (biscuits, boissons non alcoolisées
) accompagnent celles de
lesprit.
Sans prétention mais avec un peu dambition, nous cherchons ainsi moins à produire
une position philosophique commune quà confronter nos arguments sur quelques
questions essentielles.
Les textes du menu de gauche ont servi d'introduction aux précédents ateliers. Ils sont
classés par ordre alphabétique des notions concernées. Leurs auteurs sont désignés
par leurs initiales : MA (Marc Anglaret), PB (Patrice Bégnana), CD (Charles Dalant), CF
(Christian Ferron), EF (Edouard Flamenbaum), MF (Manfred Flamenbaum), GR (Gildas Richard),
JS (Julien Saiman), L (Léonard).
Croire
Celui qui croit est, dabord et avant tout, celui qui ne sait pas. Croire paraît
bien, en effet, sopposer à savoir : lorsquon sait, on ne croit plus, on sait.
Mais cette opposition prend bien souvent, dans lopinion courante, la forme plus
précise dune hiérarchie : nest-il pas clair quil « vaut mieux »
savoir que croire ? Le premier offre assurance et certitude, là où le second en reste à
une simple possibilité ou à un espoir. En somme, le savoir représenterait
laboutissement, la réussite de ce qui, dans le croire, resterait à létat
débauche, de désir inassouvi. Croire serait un pis-aller, une sorte de sous-savoir
: on ne croirait que « faute de mieux », lorsque le savoir est hors datteinte ;
pire encore : le croire pourrait bien être une solution de facilité, permettant
déviter langoisse de lignorance et les affres de la recherche : celui
qui croit ne se donne-t-il pas à fort bon compte toutes les réponses ?
Une telle manière denvisager le croire nest pas sans pertinence : elle
correspond à ce que lon peut appeler la croyance. Croire à ceci ou cela signifie
alors : adhérer à une affirmation dune manière immédiate, sans pouvoir ni
vouloir en rendre compte, sans distance ni interrogation, selon une décision subjective
et souveraine. On comprend, du même coup, que lobjet de la croyance (ce à quoi
lon croit) puisse varier à linfini selon les différents individus : issue de
la subjectivité et nexprimant que celle-ci, la croyance de lun diffèrera de
la croyance de lautre, puisque tous deux nont pas la même subjectivité
cest-à-dire : les mêmes goûts, les mêmes intérêts, les mêmes habitudes
... On comprend aussi que la croyance soit proche parente de la crédulité :
puisquici la subjectivité décide souverainement, il est logique quelle
adhère à tout ce qui comble ses désirs (conscients ou non), sans se préoccuper
dexamen ou de vérification. La croyance est indifférente à la vérité. En elle,
le sujet ne cherche pas à sélever lui-même jusquau vrai, il cherche au
contraire à modeler le vrai selon ses propres manières dêtre. Pour toutes
ces raisons, la croyance est bien un sous-savoir : comme le savoir, elle affecte la forme
de la certitude (celui qui croit sur le mode de la croyance est celui qui ne doute pas),
mais contrairement au savoir, elle nentend pas que la certitude soit le résultat de
linterrogation, de la recherche longue, laborieuse et disciplinée.
Mais il en va tout autrement lorsquil sagit de la foi. « Avoir la foi », ce
nest pas se donner à soi-même des réponses toutes faites, cest au contraire
se donner soi-même en réponse à une interrogation qui nous est adressée, et qui a la
forme dun appel. Ce nest pas sefforcer de faire correspondre la vérité
avec ses propres souhaits, mais cest sefforcer de correspondre soi-même à ce
que souhaite la vérité. On comprend alors que le croire, lorsquil sagit de
foi, na de sens que dans le cadre dun rapport de personne à personne,
quil sagisse du rapport de lhomme à lhomme ou de lhomme à
Dieu : on croit quelquun (ou en quelquun), on croit à la parole donnée par
quelquun ou à la promesse faite par quelquun. Un lien essentiel existe ainsi
entre la foi et cette autre notion qui lui est étymologiquement apparentée : la
confiance. Que signifie en effet « faire confiance » ? Faire confiance, cest
sen remettre (se fier ou se confier) à un être qui pourrait trahir ou mentir, qui
pourrait aussi se désintéresser de nous, mais qui librement se tourne vers nous et
sadresse à notre liberté, attendant de nous une réponse que nous sommes libres de
donner ou non. Dans ces conditions, le croire cesse dêtre un pis-aller, et le
savoir cesse dêtre un idéal qui remplacerait avantageusement le croire : on ne
fait pas confiance à quelquun « faute de mieux », mais parce que cest la
seule façon authentique dentrer en relation avec une liberté. Au contraire,
prétendre faire dune personne un objet de savoir serait le meilleur moyen de lui
retirer son essence dêtre libre.
Il est vrai que la foi est toujours sous la menace de lillusion et de la trahison.
Mais cest que, précisément, la foi, contrairement à la simple croyance, affronte
le risque et le doute : elle ne les dépasse quen acceptant dabord de passer
par eux.
Gildas Richard